Pourquoi les PME font faillite?

Pourquoi les PME font faillite?

Le Maroc enregistre 50% de faillites de plus que l’Afrique du Sud.

L’évolution des défaillances est également supérieure à la moyenne régionale, avec +10% en 2015, contre +1% pour l’ensemble de la région Afrique & Moyen-Orient.

Les faillites d’entreprises grimpent au Maroc. En 2014, les défaillances de structures sont passées à près de 7.611, selon le spécialiste mondial de l’assurance crédit, Euler Hermes, alors qu’elles tournaient autour de 4.000 en 2009.

Pour cette année 2015, l’on prévoit une hausse de 10% (voir L’Economiste du 13 janvier 2015). Les PME sont évidemment les premières concernées. Conjoncture difficile, allongement des délais de paiement, resserrement des crédits bancaires, arrêt de chantiers, …Les raisons sont multiples, mais elles ne sont pas toutes «exogènes».

 «La première raison, d’ordre stratégique, est liée à l’idée business. La plupart des nouvelles entreprises copient sur celles déjà en place, sans réfléchir à comment se différencier», estime Youssef El Atmani, DG de Key-Med consulting.

Il est loin le temps où une poignée d’entreprises pouvait se partager un marché pendant des années. La concurrence est devenue plus que jamais exacerbée (y compris étrangère).

Pour exister, et surtout pour perdurer, il n’y a pas d’autre solution que d’innover et de se démarquer des autres acteurs.

L’incertitude face aux développements de la conjoncture (économique, géopolitique, réglementaire, …) n’arrange pas les choses. Le champ de vision des structures s’est sensiblement réduit ces dernières années, rendant difficile la prise de décision. «C’est aussi cette capacité à gérer dans la complexité et à gérer la complexité qui fait défaut. L’idée business doit être revisitée en permanence, même si elle marche bien, car il faut se préparer aux imprévus. Les concurrents ne dorment pas sur leurs lauriers non plus», prévient El Atmani. Il faut, en effet, être capable de se repositionner à tout moment pour assurer sa survie.
Seulement voilà, une bonne partie des petites entreprises pèche par manque de gestion prévisionnelle. Elles n’ont pas encore suffisamment intégré la volatilité de leur clientèle, ainsi que celle de leur environnement. «Elles ne disposent pas de tableau de bord de management permettant de détecter les crises, de s’assurer de l’état des stocks, des délais accordés par les fournisseurs,…. C’est le pilotage à vue qui prime. L’analyse de la conjoncture est également mauvaise», regrette Rachid M’Rabet, fondateur du cabinet spécialisé en management, BRM Consulting, et directeur du cycle doctoral de l’Iscae. 

Les PME ont également du mal à développer leur attractivité vis-à-vis des ressources humaines qualifiées. Elles investissent, par ailleurs, très peu en formation, et ont du mal à manager et à fidéliser la génération Y.

Privées de talents, elles ne peuvent évoluer dans le bon sens.
La personnalité des patrons de PME y est pour beaucoup dans cet état de fait. «Ils croient souvent qu’ils peuvent tout faire tous seuls, et ne partagent pas leur pouvoir de décision. Parfois, il suffit qu’ils passent à côté d’une décision pour que l’entreprise passe à la trappe», explique M’Rabet.

Ils rechignent aussi à se faire accompagner par des experts, même si une multitude de programmes de soutien subventionnés sont mis à leur disposition. En d’autres termes, la réussite comme l’échec, c’est aussi une question de mentalité.

Source : L'economiste - Publié le 20-01-2015 Par : Ahlam NAZIH